Voyager (loin) rend-il heureuse ? Vacances 1ere partie
Cet été, j’ai pris trois bonnes semaines de vacances , très majoritairement à Paris, ce que j’appelle depuis plusieurs années des vacadomances (« staycation »). L’exact contraire de ce nouveau mot pas très joli issu du télétravail, les « tracances », ou le travail sur son lieu de vacances.
Je ne suis pas restée quasi intégralement à Paris, j’ai fait deux escapades. Une très courte et totalement improvisée au dernier moment, d’une journée, pour Fécamp. Une autre de trois jours, organisée début juillet, avec la chance de trouver un billet de train à prix abordable, pour Marseille, avec comme objectif principal une activité que j’aime tant, nager dans la mer (j’en reparlerai).
A Paris, je me suis baladée, j’ai beaucoup marché comme à mon habitude, voire même davantage ! J’ai varié un peu les itinéraires, parcouru de nombreux arrondissements. J’ai notamment découvert la totalité de la Coulée verte du 12e dont je ne connaissais qu’un petit morceau au dessus du Viaduc des Arts. Promenade agréable, plutôt tranquille, verdoyante.
J’ai vu avec plaisir plusieurs personnes amies, restées ou de retour à Paris, autour d’un café, d’un déjeuner, d’un dîner.
J’ai bien mangé, le plus souvent à la maison, majoritairement des salades simples et fraîches avec des ingrédients de saison assemblés de façon variable ou des assiettes composées. Et aussi bien sûr quelquefois de pâtes par Monsieur !
J’ai visité plusieurs expositions :
- Une plaisante petite exposition du peintre fauve Charles Camoin au Musée de Montmartre, avec découverte de son atelier.
- Une intéressante exposition sur les émotions au Musée Marmottan : les oeuvres étaient d’intérêt variable mais j’ai trouvé intéressant de se pencher sur l’évolution de l’expression des émotions dans la peinture au fil des siècles.
- Une exposition qui m’a inspiré le titre de ce billet : « Faut-il voyager pour être heureux ? » à la Fondation EDF, exposition (gratuite sur réservation) d’artistes contemporains autour de la question du voyage. Cela permet d’entamer (ou, pour ma part, poursuivre) une réflexion sur la question du voyage, notamment évoquée lors de notre dernier grand voyage (au Japon), début 2020 (j’étais loin d’imaginer alors que nous n’y serions pas encore retournés presque trois ans plus tard, non de notre fait mais par la fermeture Covid qui persiste). Bien sûr, la question du voyage ne se pose pas pour une immense partie de la population mondiale, ou alors elle se déplace par nécesssité vitale et non loisir. J’ai trouvé intéressantes les prises de recul prises par certains artistes et aussi les courtes interviews d’experts.
Ange Leccia sensibilise à l’absence de planète B…
Je n’ai jamais eu envie de découvrir le monde entier. Je n’ai jamais été le type de voyageuse qui voudrait pouvoir dire « j’ai fait » tel ou tel pays et les comptabiliser. J’ai eu au fil du temps des envies de voyages amicales et ciblées (le temple d’Angkor, la Patagonie par exemple) mais je les ai abandonnées sans frustration. Nous n’envisageons pas pour l’instant de renoncer à aller au Japon car on a un grand bonheur à retourner dans ce pays, s’y nourrir de sensations, de rencontres et de moments particuliers à cette culture mais on verra ce que l’avenir nous dira (non seulement en termes de réouverture aux touristes mais aussi de prix des billets d’avion…). Un des experts interrogés dans l’exposition parle de redonner de la valeur au trajet, avec un impact automatique sur la durée du séjour. J’irai volontiers un jour en train et ferry au Japon mais pour l’instant, je ne dispose pas du temps nécessaire !
Cette année, nous avons pris deux fois l’avion, pour aller en Italie, à Naples et Rome. Ces deux villes étant plutôt dans le Sud, le trajet en train n’est pas encore facile à envisager (environ 11 heures par exemple pour aller à Rome, avec correspondance à Milan*). De la même façon, que je suis flexitarienne (je mange largement végétarien mais je mange aussi parfois du poisson, de la charcuterie ou rarement de la viande), je n’ai pas pour l’instant renoncé à prendre occasionnellement l’avion. Il me semble, dans les deux cas, que l’impact serait plus important d’un changement notable d’une majorité de personnes sans forcément un arrêt total plutôt que des décisions radicales d’une minorité qui ont malheureusement tendance à créer une polarisation inverse…
Voyager pour ses loisirs est une activité relativement récente et réservée à une partie de la population, d’autant plus quand ce sont des voyages lointains. Est-ce nécessaire à notre bonheur ? C’est à chacun.e d’y répondre. Certes, on peut plus facilement envisager d’y renoncer quand on en a déjà profité… En tout cas, j’ai passé de très bonnes vacances en appréciant la liberté de n’avoir aucune contrainte et de pouvoir largement improviser mon emploi du temps.
Et vous, comment fut votre été ?
*Mon amie Beena, qui réside désormais dans la Drôme, donc plus au Sud mais sans liaison directe, a fait le calcul temps/coût/impact carbone pour un récent voyage à Venise et a ainsi pris le train.
Coucou Ariane, merci pour ce récit de tes vacances très agréable à lire !
Je ne pense pas qu’il faille voyager loin pour être heureuse pourvu que l’on ait encore la possibilité de s’évader, ou juste de faire une coupure avec notre quotidien parfois fatigant. Prendre des vacances chez soi peut être une bonne option effectivement. Même si personnellement j’ai besoin de bouger un peu car j’ai passé pas mal de temps enfermée à la maison à travailler ces dernières années (je n’avais pas de bureau). Et Paris peut être un peu rude en été !
Concernant les voyages en avion, je me pose les mêmes questions que toi. Je fais beaucoup d’efforts et je voyage essentiellement en France et parfois en Europe du Nord (en voiture) mais j’ai du mal à renoncer complètement aux voyages lointains. Comme toi j’aimerais retourner au Japon, et aux Etat-Unis. On attend juste que nos enfants grandissent. Il m’arrive aussi de voyager en avion pour le travail mais malheureusement il est difficile de faire autrement… J’attends avec impatience la réouverture des trains de nuit pour l’Italie (Rome, Venise…) qui n’existent plus depuis quelques années alors qu’ils étaient tellement pratiques. Une start-up dont j’ai oublié le nom réouvre des lignes en 2024. Je pense que ce sera une très belle opportunité de voyager dans des villes dépaysantes avec un impact carbone moindre.
J’ai hâte de lire la deuxième partie de ton article en tout cas !
hello @Anne un grand grand merci pour ton commentaire et ces informations. J’ai même regardé comment aller au Japon hors avion (certes, il faut beaucoup de temps !) et, suite à une discussion, Monsieur s’est plongé dans le parcours en Transsibérien et cela l’a légèrement freiné à ce stade ! Pour l’Italie, cela parait davantage envisageable…
Bonjour Ariane ❀
Mon agrégateur de flux (grâce auquel je suis mes blogs préférés) vient de me sortir plein de tes articles (et je vois que celui-ci date d’il y a un mois !!!).
Quel sujet fascinant… Moi, il me fascine, car j’ai l’impression de fonctionner de manière contraire à la majorité de notre population (en France). J’ai remarqué que les gens ADORENT voyager en vacances : pour s’évader, se recharger… et citent plein d’arguments similaires. J’ai remarqué que très peu citent le fait de découvrir de nouvelles cultures / modes de penser et vivre (tourné vers l’extérieur), la démarche est souvent tournée vers soi (« je » ai besoin de m’aérer, m’éloigner du travail fatiguant…).
Pour ma part (et je pense que c’est lié à mon enfance), je ne ressens pas le besoin de voyager (enfant, c’était l’inverse : on rentrait en France pour les 2 mois de grandes vacances 🙂 et j’étais bien contente de rentrer « chez moi », à l’étranger, une fois l’été fini).
Bien sûr, je ne dirai jamais « non » à certains pays mais peu m’intéressent (Islande, Ecosse, Pays de Galle, Angleterre, Suède, Finlande, Norvège, Pays-Bas et Danemark).
Je crois que s’il n’y avait pas d’empreint carbone ET qu’on me payait le voyage, je refuserai même d’aller dans certains pays (l’Australie, Amérique du sud).
@Melanie un grand merci pour ton commentaire. Il est possible en effet que la satisfaction d’un éventuel besoin de dépaysement ait été satisfait dans tes jeunes années l’ait calmé ensuite et que tu ne ressentes pas le besoin de parcourir le monde…