A la rencontre d’Irvin Yalom
Pour une fois, je ne vous parlerai pas d’alimentation. Plutôt de nourritures pour la tête… La semaine dernière, s’est tenue à Paris une conférence qui avait pour invité Irvin Yalom. C’est un grand romancier et psycho-thérapeute américain. J’ai découvert ses livres il y a deux ou trois ans et depuis j’en ai lu plusieurs avec passion. Car il nous fait plonger au coeur de l’être humain, ses tumultes, ses difficultés, ses peurs, … Ses livres sont à la fois palpitants et d’une grande profondeur. Irvin Yalom est passionné de philosophie et il a ainsi intégré dans certains livres une vie plus ou moins romancée de Nietzsche (« Et Nietzsche a pleuré ») ou Schopenhauer (« La méthode Schopenhauer »). Le dernier livre que j’ai lu s’appelle « Le jardin d’Epicure » et il traite de la difficulté d’affronter l’idée de la mort (ce n’est pas le plus gai de ses livres, c’est vrai, et sans doute pas celui par lequel commencer !).
J’étais donc très heureuse de pouvoir l’écouter. Il a 80 ans et n’était pas présent en personne car il n’a plus vraiment envie de voyager. On l’a donc suivi en vidéo : la salle a posé des questions et il a répondu avec clarté, attention, générosité.
Il a notamment expliqué ce qu’était la thérapie existentielle qu’il pratique et il a mis en avant quatre points qui y sont particulièrement essentiels : la conscience que la mort est inévitable ; la liberté que nous avons d’écrire notre propre vie ; le fait que chacun est isolé et meurt seul ; l’absence d’un sens évident de la vie. De quoi méditer, n’est-ce pas ?! (il explicite ces principes notamment dans la préface du livre « Le bourreau de l’amour »).
Par ailleurs, plusieurs des réponses qu’il a faites ont résonné en moi et vont me donner matière à réflexion. Par exemple :
– il a évoqué l’importance d’une relation réelle, bonne, authentique avec le thérapeute car selon lui, c’est la relation qui guérit. Bien sûr, une diététicienne n’est pas un psy mais je crois aussi beaucoup à la qualité de la relation avec les personnes qui me consultent, pour pouvoir faire ensemble un travail utile sur leur comportement alimentaire. Pour Irvin Yalom, cette relation doit comprendre trois dimensions : l’empathie, l’estime positive inconditionnelle pour le patient, l’authenticité vis-à-vis du patient. Il faudra que je prenne un peu de recul sur mon travail pour voir où j’en suis, en tout cas, je fais de mon mieux pour cette relation et pour déjà être dans la bienveillance et le non jugement.
– il a aussi parlé de la complémentarité entre le travail de thérapie de groupe et la consultation individuelle pour ses patients. Pour ma part, je ne fais pas de thérapie mais je trouve intéressant de proposer parfois une approche en groupe, avec des ateliers. Car le groupe permet à chacun(e) de rebondir sur les propos des autres, de partager des expériences, de se rendre compte que, bien souvent, on n’est pas seul(e) à vivre certaines émotions, … Il a insisté sur le fait que c’était particulièrement intéressant pour des personnes qui avaient des difficultés relationnelles, qui peuvent au sein du groupe développer de nouvelles habiletés en la matière. C’est vrai que je réfléchis parfois à la possibilité de faire des séances de suivi avec les mêmes personnes afin que se tisse une relation plus proche et plus confiante entre elles. Je laisse cela mûrir dans un petit coin de ma tête…
– Il a également affirmé que thérapeute, c’était une formation à vie ! Je partage ce point de vue pour mon activité. La complexité du comportement humain, et, singulièrement, celle de la relation à l’alimentation, est telle qu’on n’a jamais fini d’approfondir, d’affiner sa palette d’outils, de réfléchir sur sa pratique pour accompagner les personnes de la façon la mieux adaptée à chacun(e). C’est d’ailleurs ce qui rend ces métiers passionnants !
– Enfin, un des aspects qu’il a abordés m’a fait penser à un parallèle amusant (toutes proportions gardées bien sûr !) : ses patients qui ont lu ses livres connaissent déjà quelque chose de lui avant de le rencontrer. Ils ont un premier aperçu de la façon dont va fonctionner la thérapie. Il en va un peu de même pour moi puisqu’une part notable des personnes qui me contactent ont lu quelque chose de mon blog, de mon site avant de venir. Elles ont une idée de la façon dont je travaille et ne sont donc pas trop étonnées lors du premier rendez-vous (elles ont aussi un aperçu de la façon dont je mange, mais je ne veux surtout pas être un modèle !).
Bref, une merveilleuse découverte et des livres à lire et relire.
merci Ariane pour ce retour. Etant fan de son écriture je suis aussi curieuse de savoir quel est l’homme thérapeute derrière l’auteur et quand je lis ce que tu en as perçu, forcément ça me plaît. Oui c’est la relation qui est aidante avant tout le reste…
J ai aimé beaucoup aussi te lire Ariane. Nourritures de l âme tu offres avec ta seule présence et attentions. Cela est et le sera de plus en plus tendre et fort.
@Anna, de rien, et j’ai trouvé que l’homme ressemblait à ses livres : passionnant, calme et profond !
@Eva, merci beaucoup, et c’est un bonheur de te lire aussi !
Très intéressant. Je crois que je le lirais avec plaisir… de quoi aussi peut-être retourner dans des réflexions de thérapeute… psychiatre ou autre.
Merci
Bonsoir Vanessa, et si vous êtes un peu curieuse de philosophie, commencez peut-être par « Et Nietzche a pleuré ».
J’adorre Irvin Yalom, j’ai lu tous ses livres ! Je trouve qu’il allie très intelligemment forme romanesques et fond psychologique. Et Nietzsche a pleuré m’a bouleversée…
@Chris, tout à fait d’accord, cela a vraiment été une merveilleuse découverte pour moi aussi
je suis tombée au fil des pages sur votre site au travers d’une recherche sur Irvin Yalom, une personne, un être à lire , une gourmandise de l’esprit, qui touche à l’âme humaine.Je viens du coup de découvrir votre espace, du vrai qui en ressort aussi !
cordialement
Bonjour Dominique, ravie que vous découvriiez ce blog par le hasard de goûts partagés, en espérant que vous reviendrez y trouver d’autres sortes de gourmandises…