Se faire accompagner, un vrai besoin ou une mode ?
La semaine dernière, il y avait une émission « Enquête de santé » sur France 5 consacrée aux psy : « Un psy pour quoi faire ? » . Je n’étais pas là mais je l’ai regardée en « replay » (malheureusement, l’émssion ne semble plus visionnable). La soirée était constituée d’un documentaire montrant divers témoignages et interventions, et d’un débat en plateau avec un représentant de chacune des quatre disciplines évoquées : un psychiatre, un psychologue, une psychanalyste, une coach.
J’ai trouvé que l’émission donnait un bon éclairage grand public sur ces métiers et certaines de leurs différences. Certes, cela ne donnait pas vraiment de clés concrètes pour choisir un intervenant si on pense avoir un vrai besoin. Pour cela, on peut bien sûr se fier au bouche à oreille ou au conseil d’un médecin mais il paraît de toute façon indispensable de rencontrer le professionnel car la qualité de la relation sera essentielle pour avancer ensemble.
La vision de cette émission m’a suscité plusieurs réflexions :
Comme le dit un psycho-sociologue intervenant dans le documentaire, notre environnement a changé : on a très souvent moins de gens à qui parler, qu’il s’agisse de la famille, des amis, des relations, voire d’une autorité religieuse.
Et, selon moi, en parallèle une exigence de performance, de réussite, d’accession au bonheur sans ombres met une pression sur les personnes bien supérieure à ce qui existait il y a quelques décennies. C’est sans doute un écart croissant entre ces deux dimensions qui crée le besoin d’avoir recours à un psy, un coach, …
Moi aussi, je suis dans un métier d’accompagnement qui est en partie lié à un nouveau contexte. Je ne crois pas qu’il y avait beaucoup de diététiciennes au 18ème siècle… On n’avait pas tant à manger et on se dépensait bien davantage au quotidien. Un autre écart s’est donc creusé, accroissant les problèmes de surpoids.
Par ailleurs, l’émission visait aussi à éclaircir les différences entre les métiers présents, alors qu’il existe souvent des confusions. Un petit tableau donnait un aperçu assez clair : ainsi seul le psychiatre est médecin et donc remboursé ; le psychiatre et le psychologue ont un diplôme reconnu après de longues études, …
Cette confusion entre des métiers proches, elle existe aussi dans mon domaine entre diététicienne et nutritionniste. Je vous renvoie à un billet à ce sujet. La diététicienne est un peu comme le psychologue : des études reconnues mais pas de remboursement par la sécurité sociale. Et une grande variété derrière le terme nutritionniste comme derrière celui de « psy ». Comme je le dis parfois, n’importe qui (vous demain par exemple !), peut s’installer comme « coach nutritionnel » et animer des ateliers spécial minceur… Reste à acquérir une crédibilité auprès de la clientèle bien sûr !
Ce besoin d’accompagnement qu’on peut parfois ressentir, je ne crois pas qu’il faut en avoir honte ou considérer cela comme une faiblesse injustifiée. C’est parfois important, à un moment de sa vie, de prendre du recul pour faire le point, avoir un autre regard, … En revanche, on n’a peut-être pas besoin d’un coach de rangement, de courses, de préparation des vacances, … ! Y viendra-t-on ?!
Et vous, que pensez-vous de ce besoin d’accompagnement ?
Le billet d’aujourd’hui me parle tout particulièrement. C’est vrai que beaucoup de gens sont assez seuls, mais je crois malgré tout que le conjoint (quand conjoint il y a) n’est pas un psy, le dialogue est important dans le couple, mais lorsqu’il y a un réel trop plein de stress, de mal-être, d’angoisses, il ne doit pas être déversé sur l’autre. Il ne faut pas hésiter ou avoir honte de se tourner vers un professionnel, chacun son rôle ! Et à vouloir à tout prix s’en sortir tout seul, on perd parfois beaucoup de temps. Mais il faut quand même être prêt dans sa tête pour franchir le pas.
Quant aux exigences de performance, de perfection, il y aurait beaucoup à dire. Mes 2 livres de chevet sont : « L’apprentissage de l’imperfection » de Tal Ben-Sahar et « Imparfaits, libres et heureux » de Christophe André … ce sont des livres qui font du bien.
Je respecte tout particulièrement ce besoin d’accompagnement car je comprends combien la solitude, dont vous parlez dans votre article, pèse sur les gens aujourd’hui. On parle souvent de la misère matérielle, de la pauvreté au sens financier du terme, mais on oublie trop souvent, à mon sens, la misère morale dans laquelle beaucoup vivent. La solitude est un des fléaux de notre temps.
Bien sûr, après, comme vous le dites aussi, un coach pour apprendre à préparer ses vacances…. c’est une préoccupation…. de riches.
L’évolution de la société va en effet dans le sens d’un plus grand besoin en accompagnements divers. Quand on voit ce que les mots sont capables d’accomplir, j’approuve tout à fait ces démarches pour se sentir mieux. Parfois les grands malaises sont ceux sur lesquels on n’arrive pas à poser de mots. Travailler sur leur expression et leur signification permet de soulager un peu la douleur, ou du moins, de réfléchir à des moyens de les soulager (parfois ça veut juste dire « vivre avec ».)
Les métiers d’accompagnement sont de beaux métiers humains. Surtout, ne nous privons pas !
@Marie-Pierre voilà de belles lectures et en effet, c’est important de distinguer ce qui relève des très proches et ce qui serait sans doute un trop grand fardeau pour eux…
@Bonheur du jour vous exprimez bien la difficulté de l’époque
@Estel merci beaucoup pour ce bel hommage aux accompagnants !