Au SIAL 2012, le pire et le meilleur se côtoient…
Mardi, j’ai passé quelques heures au SIAL, gigantesque salon international de l’alimentation. Ce côté international donne le plaisir de voir se mêler et se rencontrer des gens de tous les continents, venus de très nombreux pays, autour d’un même intérêt, l’alimentation (chez certains, sans doute mâtiné d’un sérieux intérêt plus sonnant et trébuchant…). J’ai vite pris la mesure de la taille et n’ai en aucune façon cherché à faire une visite exhaustive. Je n’ai pas non plus cherché à jouer la dénicheuse de tendances à l’affût de produits innovants, d’autres le font bien mieux que moi. Je me suis baladée au hasard, parfois orientée par mes préférences géographico-gustatives. Et ce que j’en retiens, c’est :
– du côté humain, quelques sympathiques rencontres
– du côté des produits, l’impression que le pire côtoie le meilleur (c’est éminemment subjectif !).
Au chapitre du pire par exemple (et j’ai évidemment raté beaucoup de choses, j’ai notamment zappé pas mal le continent nord-américain…) :
– une « crème à base de vinaigre balsamique » au goût « chili con pepper » : une arnaque quand on connaît le prix du vrai balsamique + un non-sens de mêler de telles saveurs + une horreur de composition avec notamment sirop de glucose-fructose, amidon de maïs modifié, …
– l’habillage de tradition de produits qui ne la respectent pas, qu’il s’agisse d’un pain d’épices censé être le meilleur de sa région et qui intègre (comme beaucoup malheureusement) du sirop de glucose-fructose (interrogée, la fabricante indique que c’est la recherche du moelleux optimal qui justifie cela… Euh, comment on faisait avant ?). Idem pour les beaux panettone italiens…
– l’agacement grandissant devant le discours de plus en plus répandu que manger sain, ce serait manger sans gluten. Pas de généralisation abusive ! Ainsi, on trouve des pâtes à base de riz, pour donner l’impression aux personnes qui ont une intolérance au gluten qu’elles mangent des pâtes. Sympa pour elles mais ils espèrent sûrement un marché bien plus vaste. Discussion un peu animée avec une des personnes du stand qui prétendait que c’était aussi meilleur pour la ligne. Une italienne en plus !!! Alors qu’une représentante du riz basmati d’origine asiatique participant à la discussion était d’accord avec moi sur le besoin (et le plaisir) de la variété : du riz ET des pâtes !
Sinon, au hasard des allées, des produits peu appétissants à mon goût, par exemple des box de risotto ; des crêpes fourrées dont je préfère ne pas connaître la composition mais étiquetées sans huile de palme comme si cela suffisait, des espèces de tartines à toaster comme si on ne pouvait pas avoir simplement du pain, …
Du coté du meilleur :
– des biscuits bretons d’une petite entreprise des Côtes d’Armor, la biscuiterie Menou, qui perpétue une tradition familiale en l’élargissant : plaisante discussion avec la femme du biscuitier, qui prône le manger sain et initie son petit-fils au rythme des saisons, à la pousse des fraises, à la cueillette des cèpes… Ces biscuits sont composés à 100% d’ingrédients basiques et ceux que j’ai goûtés étaient excellents, notamment un palmier bien croustillant et pas trop sucré. On les trouve visiblement dans les Intermarché mais cette société n’a pas la folie des grandeurs…
– la découverte d’un produit étonnant, au parfum puissant et original, du poivre de cassis, produit en Bourgogne, à partir des bourgeons qui servent habituellement en parfumerie et pour les arômes alimentaires. A suivre, bien envie d’y goûter…
– des spécialistes du lard de colonnata, avec la rencontre d’une italienne qui a longuement répondu à mes questions sur les critères de qualité, la fabrication et aussi le pourquoi de la proposition de tranches de lard de Colonnata pré-emballées que je découvrais là, un packaging qui peut sembler antinomique avec ce produit assez luxueux. En fait, cela garantit un niveau stable de qualité et de service. Elle m’a ainsi narré une anecdote : déjeunant dans un palace parisien, elle voit des personnes manger du lard de Colonnata à une table voisine et le mâcher longuement (alors que c’est habituellement moelleux et fondant) : elle finit par se rendre compte qu’il leur a été servi avec la peau et qu’ils essaient désespérément de la mâcher !
– la rencontre avec une charmante japonaise qui anime une association de petits producteurs de riz avec un site internet de vente directe aux consommateurs (uniquement au Japon) et qui cultive du riz de facon traditionnelle, en faisant notamment appel aux canards qui assainissent et préparent la rizière (comme on le voyait récemment à la fin du reportage « Les moissons du futur« ).
Du coté des interrogations : c’est bien ou pas ?
– la pâte à pizza congelée précuite garantie croustillante : l’idée parait bizarre mais j’ai goûté, la texture était top ! On me l’a jurée « 100% natural ! » Alors, pourquoi pas pour des restaurateurs simples qui veulent proposer un peu de pizza sans en être spécialistes ?
– l’arrivée de yuzu du Japon. Faut-il vraiment faire venir cet agrume de si loin ? D’abord, cette folie du yuzu me paraît un peu excessive, on en met partout… Ensuite, on a commencé à en produire en France, est-ce que cela ne suffirait pas ? (d’ailleurs, les producteurs japonais de yuzu de Kochi étaient absents du stand car partis en Corse découvrir le travail de leurs alter ego).
– une table ronde sur les ingrédients à éliminer des produits, avec notamment le médiatique Serge Papin, PDG de Système U, qui semble réellement faire des efforts en ce sens (paraben, huile de palme, aspartame, …) : effet de mode ou action durable ?
Et sinon, au hasard des allées,
– autour des pommes : un pas mauvais beurre foisonné à la pomme : une alliance du restaurant Pomze et du beurre d’Echiré (et un avatar de la mode des beurres parfumés ?), plutôt destiné au marché japonais ; un jus de pomme gros calibre mais garanti conservable après ouverture. Car l’innovation, cela peut souvent passer par le packaging..
– l’Italie et le Japon à la conquête du monde, l’une avec le pecorino (veut-il concurrencer le parmesan ?!), l’autre avec le wasabi et la soupe miso…
Sinon, pour le fun…
Oh, j’y étais mardi aussi ! On aurait pu se croiser 😉
Les tartines de la boulangère font parties de mes prochains tests, on verra ce qu’il en est !
J’adore venir voir les différents retours sur le SIAL, car même en y ayant passé 3 jours, je découvre encore des choses !
Pour le yuzu, on en trouve en France depuis longtemps, distribué par Bachès. C’est bien que les Corses s’y mettent car ils produisent de bons agrumes. Moi ça ne me dérange pas plus que ça qu’il vienne de loin, je ne suis pas spécialement locavore, et on ne peut pas se passer de manger des bananes et des mangues (à priori j’ai 2 enfants intolérants aux salicylates donc exit les pommes et de nombreuses autres choses bien plus « locales »). Pour le sans gluten, je suis d’accord avec toi. Mais ce que j’ai remarqué aussi, c’est de très nombreux produits sans lactose et ça, à titre personnel, c’est quelque chose qui va nous changer la vie, c’est très frustrant de ne pas pouvoir boire du lait, quand on aime ça 🙂
J’ai vu le tartines up au supermarché hier, et je me suis demandais à quoi cela servait, sans réussir à trouver. Finalement, je n’ai pas acheté, l’aromatisation au fromage m’a vraiment semblé n’importe quoi 😀
J’aurais voulu y aller mais le prix d’entrée a eu raison de mon enthousiasme!
je me retrouve assez dans ce que vous dites à propos des pâtes de riz: je trouve qu’il y a une mauvaise tendance à vouloir faire des aliments « comme si » pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas manger certains aliments. On fait du pain sans gluten pour les intolérants, de la fausse viande pour les végétariens… Alors que ce qui serait réellement intéressant serait de renouveler la cuisine en elle-même et de tirer le meilleur parti possible des autres aliments!
@Virginie oh dommage pour le SIAL, j’espère qu’on aura d’autres occasions de se croiser et à bientôt sur votre blog pour les tartines (mais aucune intention d’en acheter de toute façon !)
@RoseAndCook tu as dû en voir des choses de ton côté et j’espère que tu vas nous raconter aussi. Oui aux aliments « sans » pour ceux qui en ont vraiment besoin et non aux modes inutiles ! De plus, j’ai lu hier des retours d’un colloque nutrition au Canada où les études semblent montrer que la grande majorité des personnes qui se mettent au sans gluten sans raison prennent du poids !
@Estellecalim visiblement ils vantent le format bien adapté au grille-pain ? On ne sait plus quoi inventer !
@Riane côté finances, j’ai eu la chance que l’on me propose une accréditation presse (pour mon blog visiblement). Ravie que vous partagiez cet avis sur le gluten et tout à fait d’accord avec vous sur les faux-vrais aliments !
Attention avec tout ces produits. Effectivement on trouver du bon et du beaucoup moins bon.
Notre corps à besoin de produit naturels, riches et surtout variés.
Bannissons les produits industriels saturés en graisses et en sels !
@val tout à fait d’accord, c’est bien ce qui ressort de ce billet !
Encore un très bel article enrichissant, merci Ariane!
@Viny merci, ravie que cela vous intéresse et cela m’incite à continuer !
Merci beaucoup de nous avoir raconté tout cela : je n’ai aucune chance de pouvoir m’y rendre un jour et toutes ces nouveautés ou (re)découvertes m’intéressent.
Certaines choses sont plutôt inquiétantes ; personnellement, je n’aime pas que l’on joue avec les arômes artificiels. Le plus souvent, le résultat est loin d’être convaincant, voire carrément répugnant !
J’aimerais qu’on se souvienne que nourrir un client est une responsabilité !
@Cicciotella ravie que cela vous intéresse et espérons en effet qu’une plus grande part de l’agro-alimentaire aille vers davantage de naturel mais ce n’est pas gagné !
Moi ça me donne envie de me lancer dans la recette d’un bon panettone http://cornello.over-blog.com/article-panettone-super-facile-70863911.html Au moins là je suis sûre de manger que des ingrédients sains 🙂
@Lylou, miam, merci pour le lien ! Et en plus d’être bon et sain, c’est sûrement économique car les panettone sont souvent très chers…
Bonjour instructif comme reportage, je cherche un reportage TV sur un inventeur de pate à pizza et de sauce tomate qui a son usine à coté d’une autre usine fabricant des pizza relié en direct par un pipetomatoes, sa pate à pizza n’a pas de farine c’est une invention qui coûte pas chère, et il fait fortune, le savez-vous ?
Merci de votre réponse.
@Jacqout désolée, je n’ai pas d’infos sur ce sujet