Billet un peu sans queue ni tête ou pas tant que ça, venu de la collision de plusieurs idées qui sont en lien. L’idée que les « entre », les sas, les transitions, les passages, c’est compliqué, ce n’est pas facile à vivre, cela peut être riche ou lourd de conséquences sur la suite…
Entre, cela peut être entre deux moments, celui du travail et celui de la détente, celui de la journée et celui de la soirée, et il est nécessaire d’avoir ce moment pour ne pas être dans une transition brutale. C’est un sas de décompression dont je parle bien souvent à mes patient(e)s. Car, fréquemment, si on ne prend pas le temps de cette transition en douceur, on emporte le stress du boulot avec soi et cela conduit à du grignotage impulsif, un dîner pris à toute vitesse sans attention, une tension entre les mangeurs … A chacun(e) de prendre conscience de son besoin et de trouver le « entre » approprié, de la marche, se poser chez soi, prendre une douche, changer de tenue, écouter une musique appropriée… C’est parfois compliqué selon l’heure, la famille…mais cela reste un besoin essentiel, même bref.
Entre, c’est aussi entre deux moments de la vie, une transition choisie ou non, une installation en couple, une séparation, l’arrivée d’un enfant, un changement professionnel, un déménagement…Les changements ne sont pas anodins et il est préférable de ne pas étouffer les émotions qui les accompagnent, d’accueillir la tristesse, la peur, la frustration, pour pouvoir ensuite avancer… Il ne s’agit non plus de s’inquiéter outre mesure et plutôt de rester ancré dans le présent. Je me souviens ainsi de mon déménagement il y 2-3 ans : je quittais un appartement doté d’une vue magnifique et j’anticipais une grande tristesse…qui ne s’est pas du tout présentée !
Parmi les moments de passage particuliers, il y a celui de l’entrée dans l’adolescence. Sur ce sujet, j’aime beaucoup le très émouvant podcast initié récemment par Louie Media, « Entre« : entre deux âges, l’enfance et l’adolescence, le podcast suit pendant une année Justine, âgée de 11 ans, qui entre au collège et parle de sa vie de pré-ado avec lucidité et sensibilité.
Cette période de passage de l’enfance à l’adolescence est très compliquée à vivre, Il se passe beaucoup de bouleversements physiques et psychologiques. Qui ne sont sans doute pas suffisamment pris en compte dans beaucoup de cas.
C’est ce que raconte notamment Camille Sfez dans son passionnant livre, la Puissance du Féminin : les civilisations traditionnelles ont toujours eu des rites de passage, des célébrations de ces moments particuliers de la vie des femmes. Et aujourd’hui, ces moments, l’arrivée des règles par exemple, comme la ménopause, sont rarement célébrés, voire même marqués ou expliqués. Ce qui fait qu’on peut ne pas bien comprendre ce qui arrive, le vivre mal, se sentir isolée… Peut-être que les rituels décrits dans son livre vous paraîtront dépassés ou inappropriés à l’époque. Est-e si sûr ? Ou devrait-on en inventer d’autres alors ?
Entre, c’est aussi entre deux saisons. Même si on est entrés officiellement dans le printemps, la météo et les températures sont changeantes et parfois quasi-hivernales. Et l’assiette se balade entre les deux. Si on mange strictement local à Paris, on est encore dans les carottes, les choux, les courges… J’ai encore dernièrement cuisiné un curry de chou-fleur et pois chiche, des légumes d’hiver rôtis, un mille-feuille de légumes d’hiver…
Certains légumes plus printaniers pointent le bout de leur nez, plus ou moins timidement, les asperges, les radis… Monsieur, qui aime particulièrement les asperges, est impatient de les cuisiner et accepte de se fournir à quelques centaines de kilomètres, toujours en France. Il nous a concocté un risotto aux asperges et crevettes, une délicieuse assiette toute verte autour des asperges, avec divers légumes, de la feta, des pistaches. Et aussi des asperges toutes simples à l’huile d’olive.
Et vous, qu’est-ce cela vous inspire, ces entre-deux ?