Faut-il stresser devant son assiette ?
Il est assez probable que vous ayez entendu parler du documentaire diffusé ce soir sur Arte, « Notre poison quotidien« , réalisé par Marie-Monique Robin. C’était la réalisatrice d’un sérieux documentaire sur Monsanto et cela incite plutôt à regarder.
Dans le domaine de l’alimentation, comme dans les autres, réjouissons-nous de la transparence, d’être informés, que les excès et manquements de toutes sortes soient dénoncés pour faire évoluer les pratiques. Mais faut-il nous déverser autant d’angoisse, comme le fait par exemple Télérama avec sa couverture de cette semaine : « Manger tue » ? (pour info, manger fait vivre aussi !).
Le problème, c’est que le risque est fort que cela augmente encore votre stress devant l’assiette, votre inquiétude sur ce que vous mangez, votre questionnement incessant : faut-il manger ceci, ne pas manger cela (la viande qui polluerait, le lait qui nous ferait du mal, les fruits et légumes qui seraient pleins de pesticides, le poisson qui transporterait des métaux lourds, etc.), ce qui pourrait vous enlever ce plaisir si agréable d’un bon repas.
Pour ma part, je ne pense pas que chaque citoyen doive devenir un expert de l’alimentation passant son temps à décrypter les étiquettes, à connaître la composition détaillée des aliments (et ce n’est pas parce que j’ai peur pour mon boulot !). Je suis plutôt pour une alimentation intuive, où le bon sens aurait une large place, où l’on aurait majoritairement de saines habitudes sans se prendre trop la tête : acheter des produits bruts, de saison, plutôt locaux, dont on connait à peu près l’origine, manger varié, cuisiner, … Mais il me parait utile également qu’on ait un regard critique sur les discours peu nuancés, qu’ils viennent de l’agro-alimentaire, du monde de la santé, des acteurs du développement durable, …. pour ne pas se laisser embrigader d’un côté ou de l’autre, pour savoir pourquoi on agit de telle ou telle façon, qu’il s’agisse de manger bio, d’arrêter la viande ou de boire du jus de grenade !
Je serais ravie d’avoir vos retours sur cette émission si vous la regardez. Bonne soirée !
C’est clair que le « Manger tue » de Telerama est fait pour choquer, en ce qui me concerne je ne sais pas si manger tue mais je veux manger le moins possible de pesticides, de colorants, de chimie en général.
Manger des produits bruts et cuisiner, c’est simple dans l’absolu mais cela concerne quel pourcentage de la population ?
Les copains chez qui je vais bouffer s’en foutent comme de l’an 40 de ce qu’ils mangent, on fait les courses une fois par semaine au supermarché, on achète des plats préparés, des sodas …. Et le moins cher possible de préférence, je dois préciser que la plupart de mes amis travaillent et n’ont pas de vrais soucis d’argent.
Sans être un expert de l’alimentation, je pense à contrario que chacun doit savoir ce qu’il met dans son assiette puis dans son corps.
Un peu bêtement, on ne mettrait pas dans sa voiture, un produit qui l’empêcherait de rouler. Alors pourquoi ingurgiter en permanence des produits chimiques qui pourraient nous nuire au niveau de la santé.
Même si j’achète de saison au marché et que je cuisine, j’aimerais beaucoup savoir d’où provient le cochon de mon charcutier, d’où provient ce que mange le midi au bistrot du coin. Comme l’alimentation est un sujet qui me passionne, je connais la réponse mais beaucoup d’entre nous ne l’ont pas.
J’ai regardé l’émission en faisant autre chose je l’avoue, comme j’ai déjà vu pas mal d’émissions à ce sujet, je n’ai pas forcément appris grand-chose mais cette journaliste a le mérite de faire des sujets fort bien documentés et qui donnent à réfléchir. Le seul souci j’imagine c’est qu’il faudrait toucher les gens non informés et ceux qui vont faire l’effort de regarder un documentaire sur Arte sont déjà plus ou moins informés.
Par contre, Ariane, je précise que malgré tout cela j’éprouve un grand plaisir à manger et que je ne stresse pas devant mon assiette.
Merci beaucoup bouton d’or pour ce commentaire précis et honnête, mais on ne peut pas obliger tout le monde à devenir expert es alimentation me semble-t-il. Et le documentaire d’hier n’a en effet sûrement pas touché la cible qui en aurait le plus besoin. Autre billet à suivre autour du même sujet !
Ce documentaire est plutôt bien fait, et a l’air bien renseigné (elle est allée voir les bonnes personnes je pense.)
Après, évidemment, il faut prendre un peu de recul. Certes, on ne nous dit pas tout, mais je n’aime pas non plus les « théories du complot ». Je pense qu’il est aisé de se rendre compte que les produits transformés contiennent des substances dont l’effet n’est pas toujours bien connu ou maitrisé, et qu’il ne faut pas en abuser. Je pense qu’avec une alimentation diversifiée et « pas trop transformée », à base de produits plutot simples, on arrive à s’en sortir sans trop de risques. Et de toute façon, avec l’espérance de vie qui augmente, il ne faut pas s’étonner si les cancers sont de plus en plus fréquents : avant, on n’avait pas autant le temps de les voir arriver.
Je dis ça, mais en même temps, je suis consommatrice de boissons « light » … je ne pense pas que l’aspartame soit totalement inoffensif, mais je ne pense pas qu’il soit responsable de toutes les maux comme semblent le penser certains.
La question des perturbateurs endocriniens m’a semblé plus préoccupante puisque là, ce n’est pas une question de dose. Il me semble que certains végétaux contiennent naturellement des perturbateurs endocriniens, comme le soja qui contient des phyto-oestrogènes et qui aurait une action protectrice contre le cancer du sein pour certains, mais dans d’autres publications on voit également le contraire …
Pour moi-même je n’ai pas peur de ces molécules, mais quand j’aurai des enfants, il me semble que je ferai plus attention.
Merci beaucoup Estel, je suis en phase avec vous sur une alimentation diversiifiée et pas trop transformée et en effet, il faut sûrement être surtout vigilante sur les perturbateurs endocriniens, et cela avant d’avoir des enfants puisque ils semblent agir à retardement.