Le bonheur selon Christophe André : savourer…
Il y a quelques jours, j’ai assisté grâce à HEC au Féminin à une conférence du psychiatre Christophe André au thème ambitieux : le bonheur. Il respire lui-même la tranquillité et la simplicité et montre un tempérament positif, avec un humour bien présent. Il exerce son métier de psychiatre à l’Hôpital Ste Anne et est devenu au fil du temps et des spécialisations « Monsieur Prévention de l’anxiété et de la dépression ».
D’abord, le psychiatre a donné sa définition : le bonheur, c’est le bien-être + la conscience. Car souvent, cette dernière manque et rend le bonheur compliqué : beaucoup sont préoccupés et ne se rendent pas compte qu’ils sont bien. « Bonheur, je ne t’ai reconnu qu’au bruit que tu as fait en partant » notait l’écrivain Raymond Radiguet. Ou ils ont du mal à en profiter, tout à la peur que cela ne s’arrête. Ceux-là craignent les pics de bonheur car ils ont trop peur de la redescente.
L’intervention de Christophe André a ensuite abordé plusieurs thèmes :
Il s’est demandé ce qui rend heureux. Comme le dit le proverbe, ce n’est pas l’argent (sauf quand il s’agit de sortir de la misère). En revanche, jouent un rôle le lien social et les interactions répétées avec d’autres personnes, l’estime de soi, le lien à la nature. Et aussi l’âge : ainsi, c’est vers 67-68 ans qu’on serait le plus heureux (en tout cas, dans les études sur la génération actuelle).
Y a-t-il des avantages au bonheur, à la bonne humeur ? Christophe André indique, études à l’appui, que cela nous rend plus créatifs, facilite la concentration, donne une perception plus globale, permet de mieux récupérer face au stress. Qu’attendent alors les entreprises pour se préoccuper du bonheur de leurs salariés ?! Et cela fait vivre plus vieux, cela augmente la disposition à aider les autres.
Comment cheminer vers le bonheur ? Il s’agira d’abord d’être heureux quand tout va bien ou pas trop mal. Il a utilisé l’expression « démocratie et douche chaude » pour nous faire comprendre qu’on s’était habitués à un certain bien-être dans les pays développés et qu’on n’en est même plus conscients. Alors, réouvrons les yeux sur ce qui nous entoure, sur tous les gisements de petits bonheurs disponibles. Ensuite, on pourra atteindre une autre capacité : ne jamais oublier le bonheur même dans le malheur. Certaines personnes ont ainsi une capacité à être heureux malgré l’adversité, comme ces veuves qui sourient au souvenir de moments heureux avec leur conjoint qui est mort quelques mois auparavant. Plus simplement, on peut profiter de bons moments le soir en rentrant chez soi même si la journée a été difficile.
L’aptitude au bonheur n’est pas la même pour tous au départ. Elle dépend un peu de notre éducation aussi. Mais, pour une large part, on peut la développer, l’enrichir. Pour cela, cultivons les liens avec les autres et surtout, vivons l’instant présent, augmentons notre niveau de conscience. Pour cela, on peut mettre en pratique plusieurs moments de pleine conscience dans la journée, avec une attention à notre respiration, notre corps, les sons environnants, nos pensées. Il ne suffit pas de savoir ce qui rend heureux mais de le pratiquer concrètement. Et sachez que cette capacité à savourer l’instant présent progresse en vieillissant tout en devenant plus subtile. Donc, il n’est pas trop tard pour commencer…
Christophe André a beaucoup employé le verbe savourer et évidemment, cela résonne pour moi. Savourons un bon repas, du chocolat, un rayon de soleil, un bon moment avec des proches, la vie….
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Article intéressant et remarques qui le sont tout autant, venant d’un psychiatre! J’ai souvent l’impression qu’ils entendent plutôt nous montrer comment faire avec ce qui ne va pas, alors la démarche de ce spécialiste me paraît importante à une époque où certains disent qu’il faut être « niais » pour croire encore à la sérénité et à la joie de vivre.
Je suis complètement d’accord avec ce Monsieur quand il parle de la tendance humaine à s’habituer à un certain bien-être au point de ne plus en avoir conscience. Plusieurs fois par semaine, je prends un temps pour écrire les petits bonheurs de ma vie ou de mes journées : les voir écrits noir sur blanc (ou vert sur blanc en fonction de mon bic multicolore ^^) m’aide beaucoup à éviter de passer trop rapidement sur le positif et à ressasser ce qui pose problème.
J’ai commencé une telle liste au début du mois, et je suis surpris de voir tout ce que j’ai déjà pu mettre dedans en 15 jours. Pas loin, j’ai aussi une liste des repas pris avec des amis au restaurant ou chez les uns et des autres lors d’invitations (avec mis en valeur les plats les plus délicieux :9).
Au début je n’étais pas convaincu de l’intérêt de consigner ce genre d’événements, mais par la suite je me suis rendu compte qu’à partir du moment où on commence une liste, on a souvent envie de la voir s’allonger. D’où l’intérêt d’en faire sur des sujets qui nous rendent heureux ^^
Pour rester sur un sujet similaire, replonger dans mes livres de cuisine pour noter toutes les recettes que j’ai déjà faites (là encore en mettant en valeur celles que j’ai adoré) m’a permis de me rappeler de toute la richesse qu’il y a dans certains, et donné envie de me replonger plus souvent dans plusieurs d’entre eux.
@Ayla, en effet Christophe André nous a expliqué qu’aujourd’hui chacun en psychiatrie a une spécialisation pointue et lui est dans le domaine de la prévention et donc justement du vivre bien, ce qui n’est vraiment pas niais !
@Lucien, bravo pour cette attention au positif qu’il y a forcément dans une journée. Cela me rappelle un livre dont j’ai entendu parler récemment : « 3 kifs par jour »
@cosmos, bravo pour toutes ces initiatives sources de sérénité et de plaisir. Si les listes vous attirent, vous pouvez lire « L’Art des Listes » de Dominique Loreau.
C’est justement grâce à ce livre que j’ai découvert cette façon d’utiliser les listes (et grâce à L’art de la frugalité et de la volupté que j’ai découvert votre blog :)).
Tiens, justement, je suis en train de lire « Imparfaits, libres et heureux : pratiques de l’estime de soi » par Chrisophe André. C’est un bon livre que je recommande et pas seulement aux personnes qui pensent avoir des troubles de l’estime de soi !
Merci Estel, drôle de coïncidence, c’est un livre très intéressant et utile en effet.
Je viens de lire cet article et il m’a fait du bien : je me sens moins seule ! Je me dis que mes petits bonheurs du jour peuvent aider ceux qui les lisent à trouver le chemin du bonheur.
@Bonheur du jour, ravie que cet article vous ait parlé et je vous souhaite plein de lecteurs sensibles à vos petits bonheurs quotidiens
Avec mon épouse, il nous arrive, le soir, de chercher ensemble à nous rappeler tous les bons moments de la journée. Et c’est aussi un bon moment de plus ! Mais rien ne vaut de le faire au lit, tranquillement. C’est en somme… notre méditation du soir en forme de remerciement !!!
@combe merci de ce partage, jolie idée !