Ce Fil d’Ariane est pour une fois mono-thématique.
Jeudi et vendredi dernier, j’ai participé aux Rencontres du GROS (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids), association dont je fais partie depuis mon installation comme diététicienne il y a 10 ans, qui fêtait à cette occasion son 20e anniversaire. Je participe presque chaque année à ce congrès car il y a toujours à apprendre, des connaissances à actualiser, outre le plaisir de revoir ou rencontrer des collègues.
Cette année, il s’agissait de fêter les 20 ans et de ce fait sans doute, on a eu un congrès plus long et aussi de fantastiques intermèdes par deux comédiens de la Ligue d’Improvisation de Lyon qui retranscrivaient dans des sketches drôlissimes ce qu’ils avaient compris des débats.
20 ans de dénonciation des méfaits des régimes, de défense d’une autre approche, qui a évolué, s’est enrichie et affinée peu à peu, au fil des recherches scientifiques et constats cliniques, en allant vers le principe, entre autres, de l’alimentation intuitive. Gérard Apfeldorfer a montré qu’on avait avancé peu à peu dans la compréhension de la complexité du comportement alimentaire et de la question du poids. Mais ce n’est pas fini !
Cette autre voie semble un peu mieux entendue mais cela reste tellement insuffisant pourtant. Je constate que malgré les études, les publications, une grande partie de la population reste persuadée que la seule voie pour perdre du poids est de se mettre au régime. Alors que les régimes font grossir ! Tant de femmes (et certains hommes) l’expérimentent à leurs dépens…
Il a été justement rappelé que, dans la question du poids, contrairement à ce que beaucoup croient, on ne peut pas tout maîtriser en matière de poids : il y a une part de génétique qu’on ne maîtrise pas, il y a le microbiote, …
On a parlé leptine, dopamine, neurones, homéostasie, addictions avec ou sans substance. Beaucoup de complexité quand on veut expliquer et comprendre alors que la sagesse du corps, si on l’écoute et on le laisse se réguler, peut être toute simple à pratiquer.
On a eu des récits d’accompagnement de personnes en difficulté avec la nourriture qui m’ont rappelé mon propre travail, où souvent la relation à l’alimentation s’insère dans d’autres difficultés, le perfectionnisme par exemple, des aspects affectifs… On a parlé peur de grossir mais aussi peur de maigrir, qui est parfois une explication de l’arrêt de la perte de poids car il y a autre chose qui se joue.
A propos des addictions (on me questionne souvent sur l’addiction au sucre), j’ai bien aimé la définition souple d’un addictologue intervenant : « est addict la personne qui se sent aux prises avec un process qui lui échappe, un comportement qu’elle voudrait modifier et elle n’y arrive pas ». Entrent du coup dans cette définition les addictions à une substance comme les addictions sans substance (comportementales). Une addiction comportementale est une addiction à un comportement pour éviter des émotions pénibles et on peut devenir addict à ce comportement car il marche en tant qu’évitement.
On a parlé du sucre justement et d’ailleurs, il a été précisé qu’on ne mange pas de sucre quand on a une pulsion, mais des aliments gras et sucrés, car leur texture est importante. Et le sevrage ne marche pas. On a parlé du plaisir et de la nécessité de ne pas diaboliser. Je suis d’accord !
On a entendu des paroles tristes, difficiles, de souffrance et de dépendance à l’alimentation, de troubles alimentaires, ou scandaleuses de grossophobie. On a écouté le terrible récit d’Anouch Chaldjian, membre de Gras Politique, des brimades qu’elle a subies du fait de sa silhouette, du mépris et de la sévérité des médecins dès son plus jeune âge, loin de toute empathie, de la discrimination médicale liée au poids.
Et beaucoup d’autres choses riches et variées.
J’ai parlé de ces rencontres du GROS précédemment :
- en 2017 : amour, maternité et kilos
- en 2016 : les émotions
- en 2013 : les peurs alimentaires
- en 2010 : sensations émotions cognitions