Les artisans Omnivore-3ème épisode : les Bachès, pépiniéristes voyageurs
Cela faisait longtemps que j’avais entendu parlé des agrumes Bachès mais sans avoir encore rencontré leurs infatigables pépiniéristes. C’est chose faite car Michel et Bénédicte Bachès étaient près présents lors des journée Omnivore 2014 : d’abord, auprès de William Ledeuil qui a parlé de son utilisation heureuse de leurs agrumes toujours renouvelés. Puis seuls en conférence. Qui a commencé par un long déballage de Michel Bachès pour nous montrer une magnifique profusion d’agrumes de toutes sortes d’espèces.
Car, a dit Bénédicte Bachès, « la diversité, c’est la seule chose qui nous intéresse », « la diversité, c’est la vie ». Bien sûr, il serait beaucoup plus facile et lucratif de ne produire que quatre variétés. Eux, ils en sont à peut-être 1500… Dès que leur emploi du temps le leur permet, ils partent en voyage aux quatre coins du monde pour dénicher de nouveaux agrumes, de la Californie au Japon, puis ile se délectent de créer d’innombrables hybrides, de les tester à différents stades de maturité pour révéler des parfums inconnus, aller vers moins d’acidité, plus de douceur, … et les faire découvrir aux chefs. A ces derniers de se creuser un peu la tête pour les utiliser de façon neuve et ne pas les décevoir… Les Bachès ne vendent pas d’agrumes aux particuliers (ils sont pépiniéristes, ils proposent des plants), ils approvisionnent les chefs qui sont prêts à se caler sur leur rythme.
Une infinie variété qui ne cesse de s’enrichir au gré des voyages et des mélanges
Infatigables ils paraissent mais parfois un peu fatigués* justement de l’impatience des chefs, qui ne comprennent pas qu’il faudra attendre cinq ans entre la découverte d’un agrume et sa production en quantité. Sont-ils prêts à cet effort ?
Et attristés quand même de constater que nul ne semble se presser, alors que la retraite approche, pour reprendre cette lumineuse collection, travail certes très exigeant mais excitant et passionnant**.
Mais demain, ils repartiront encore en Inde, en Birmanie ou ailleurs pour cette quête insatiable d’agrumes encore inconnus sous nos latitudes et reviendront les marier de mille façons… Etonnant couple, belle rencontre !
*cf un article de Libération paru en 2013
** il semblerait depuis que le projet pharaonique de la « Jeune Rue » pourrait être intéressé (mais il faut aussi trouver les personnes de talent pour poursuivre…)
Ça me chagrine aussi de voir que le travail génial de ce couple intéresse si peu de monde.
Quant au projet de la « jeune rue », sa présentation qui nous parle essentiellement de designers me laisse perplexe.
@Mag à l’eau suis perplexe aussi sur le « jeune rue », on verra au-delà du buzz… et comme je le disais sur twitter, si l’objectif est d’aider à mieux manger, pourquoi ne pas s’installer dans une lieu vraiment défavorisé de ce côté-là…