Pour ou contre le « doggy bag » ?
Récemment, rebondissant sur un « twit » d’une nutritionniste québécoise, Catherine Lefebvre, qui parlait de doggy bags, je me suis demandé : pourquoi ne pas lancer cela en France ?!
Du coup, j’ai réfléchi un peu au sujet et me suis dit qu’il y avait du pour et du contre.
Chez Carson Ribs, à Chicago, les portions de travers de porc sont tellement énormes que beaucoup de clients demandent un « doggy bag »
Pour :
– beaucoup de personnes finissent leur assiette alors qu’elles n’ont plus faim et souvent, elles les font pour ne pas gaspiller, pour en avoir pour leur argent. Et cela peut contribuer à leur prise de poids. Pouvoir emporter ce qui reste réglerait ces problèmes ;
– ou elles prennent un dessert sans faim : elles ont envie de sucré mais elles n’ont pas laissé du plat pour les raisons ci-dessus. Pouvoir emporter un peu du plat leur permettrait de mieux apprécier un dessert et de ne pas trop manger au global ;
– cela donnerait la possibilité d’apprécier à nouveau un plat qu’on a beaucoup aimé et de se le remémorer (et cela ferait un repas de moins à cuisiner !) ;
– cela montrerait au restaurateur que le fait de ne pas finir l’assiette n’a rien à voir avec la qualité du plat ;
– tout le monde n’a pas le même appétit et pourtant, tout le monde se retrouve avec la même assiette, cela rétablirait le fait de manger selon son appétit personnel.
Contre :
– déjà, il faudrait commencer part trouver un autre nom, francophone et plus appétissant !
– cela a beau exister aux Etats-Unis depuis longtemps, cela ne les empêche visiblement pas de manger de très grosses portions et de prendre du poids ;
– ce n’est pas le même plaisir de manger un plat qui vient juste d’être préparé, qui est joliment présenté, dans un cadre particulier et d’en remanger chez soi, réchauffé. Et on n’a pas forcément envie de manger le même plat deux jours de suite !
– cela pourrait donner l’idée aux restaurants d’augmenter la taille des portions et les prix puisqu’ils fourniraient deux repas pour le prix d’un.
Bref, je ne sais pas si ce serait une coutume vraiment adaptable à ce pays d’amateurs de gastronomie qu’est la France.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Il y a sûrement des tas d’autres arguments pour et contre.
Avez-vous déjà demandé d’emporter les reste d’un plat trop copieux dans un restaurant ? Comment cela s’est-il passé ?
photo ©Carson Ribs
une cousine vit à NY depuis 20ans et m’en a parlé
je trouve ça absolument déplacé – jamais je ne ferai une chose pareille tant j’en aurai honte
et le restaurateur pourra se dire il y a trop dans mes assiettes et je réduis les portions
s’il a le goût et le talent de nous présenter un joli plat qu’en reste t-il dans un sac ????
Moi aussi j’ai vécu un peu aux Etats-Unis et cette pratique est un non-sens. Les portions servies sont réellement énormes, c’est presque deux fois une portion française. Lorsqu’on va au restaurant, c’est pour déguster un bon repas et non s’empiffrer. Le doggy bag est une solution sensée à un problème insensé.
Je ne suis pas fan de l’idée également parce qu’elle manque d’élégance. 🙂
… et sinon, oui donc quand j’étais aux Etats-Unis, le restaurant nous préparait notre doggy bag, et nous rentrions avec nos boîtes en plastique remplies, qui se renversaient un peu pendant le trajet, et qui arrivaient un peu écrabouillées à la maison. Certes, c’était toujours bon le repas suivant, mais le charme du repas au restaurant, sur la jolie table, s’etait enfui. Le plat ressemblait alors à du plat congelé réchauffé. C’est moyen.
Chez nous (en Belgique), cela arrive parfois de reprendre de la nourriture des restaurants. Quand nous allons au resto avec les enfants (qui ont moins de 10 ans), il nous arrive de demander si on peut reprendre avec nous ce qui reste dans l’assiette des enfants – surtout dans les restaurants italiens. Pour les enfants, les portions sont toujours trop grandes (même les plats enfants). Par contre, nous n’avons pas de nom spécifique pour ça.
Non jamais fait en France mais ce que je fais, c’est demander la bouteille de vin lorsque nous ne l’avons pas terminée ! ca passe très bien (à condition de bien demander): on me la rebouche et hop c’est parti !
Quant au doggy bag, tout dépend du resto ! J’oserai je crois demander qu’on m’enveloppe la moitié de pizza qui me reste à manger mais pas un plat cuisiné ds un resto chic !
Le principe du doggy bag est tout sauf choquant surtout que dans nos pays industrialisés, la nourriture jetée nourrirait probablement tous ceux qui n’ont rien à manger. J’observe que dans beaucoup de restaurants maintenant on propose des versions petits plats ou petites faims. L’autre soir, j’ai participé à un diner de société dans une grande brasserie parisienne spécialisée dans la choucroute. La personne qui organisait a demandé en doggy bag tout ce qui restait comme choucroute, en a donné à ces collègues peu argentés et le lendemain, on a réuni tout notre immeuble de bureaux pour un midi choucroute, super convivial. Je ne vois aucun argument contre au doggy bag. Accessoirement, la plupart des bons restaurants fournissent maintenant des assiettes qui ne sont pas excessives et qui très souvent laissent la place à un petit dessert.
J’ai beaucoup de mal à faire mon deuil de la nourriture que je ne mangerai pas.
Et bizarrement, le doggy bag me parait incongru.
De manière rare, exceptionnelle, nous nous offrons un restaurant. (avec 3 enfants, il y a des plaisirs difficilement renouvelables, surtout dans une petite ville de province). Nous le choisissons très bon, notre japonais de prédilection, ou un resto tendance un peu gastro. Les portions sont congrues, nous savons que nous allons ressortir légers, en ayant savouré chaque bouchée. Le choix est souvent cornélien, mais la certitude du plaisir aide à faire le deuil de ce que l’on n’aura pas.
Dans ces moments rares, réservés à nous deux le plus souvent, je n’imagine pas aller dans un endroit où les portions seraient trop généreuses. Le moment est spécial, et repartir avec un morceau de ce moment à réchauffer galvauderait ce plaisir.
Mais j’imagine que si je mangeais au restaurant comme à la cantine, ma perception serait différente.
Le doggy bag n’a aucune chance chez nous : au restaurant, on vide nos assiettes !
Je viens encore de le confirmer ce soir.
Et puis en général, les restaurants que l’on choisit proposent des portions normales, raisonnables. Jamais de pizzas ou restaurant de ce genre. On va au restaurant pour manger des choses « pas ordinaires » et on vide nos assiettes… consciencieusement…
merci Monique, Mapiki, Catherine, Cécile, bouton d’or, Virginie, Cath pour vos retours, c’est intéressant d’avoir des points de vue variés.
@ Monique, @ cath @ Mapiki @ Virginie : je suis bien d’accord que le doggy bag n’aurait pas de sens dans un restaurant raffiné où les portions sont raisonnables et où la présentation et le contexte sont importants. Mais cela ne représente pas 100 % des restaurants, n’est-ce pas ? Serait-il aberrant de demander d’emporter un quart de pizza ou le reste d’un couscous généralement trop copieux ?!
@ bouton d’or, cela est sans doute la voix de la raison : agir selon les circonstances et les lieux, et ne pas s’interdire d’avoir recours à cette solution quand c’est très copieux et qu’on sait que cela sera encore bon réchauffé.
@ cecile : bonne idée, la bouteille de vin ! je connais tellement de gens qui se forcent à finir et qui auraient plus de plaisir à re-goûter le vin le lendemain.
@ cath : en effet, on va souvent au restaurant pour manger quelque chose d’inhabituel mais est-ce une raison pour se forcer à finir à tout prix si on n’a vraiment plus faim ?
Merci Catherine pour ce témoignage qui montre qu’on est sans doute peut-être un peu plus « cools » en Belgique, non ?
Plus je lis votre blog et plus j’ai conscience que je n’écoute pas du tout mon appétit.. Mais je me pose de plus en plus souvent la question : est ce que j’ai encore faim ?
cath, bravo de vous poser la question. Et plus facile, demandez-vous si vous avez faim quand vous commencez à manger. Si ce n’est pas le cas, c’est peut-être que le repas précédent était trop copieux, non ?
J’ai dîné dans un restaurant récemment à l’occasion d’un dîner de famille et une de mes belle-soeurs avait commandé un énorme morceau de boeuf qu’elle n’a pas fini (elle en a mangé à peine la moitié). Elle a demandé au serveur de lui emballer le reste, et ça s’est très bien passé, sans aucune remarque ni surprise apparente. Personnellement je n’ai jamais besoin de le faire, car je termine toujours mon assiette, sauf quand ce n’est pas bon (et dans ce cas je n’ai pas envie de rapporter le reste du plat à la maison).
@ Patrick, merci pour ce témoignage, voilà un restaurant visiblement attentionné et au service de ses clients. Bien sûr qu’il n’est pas question de rapporter quelque chose de mauvais chez soi, ce serait double peine !
Il m’arrive souvent de demander un « doggy bag » au restaurant chinois où nous allons (délicieux et TRES généreux au niveau des portions), limite c’est eux qui le propose.
Cela ne me choque pas de demander ce que l’on a pas mangé, même s’il est vrai que c’est assez « mal-vu » en France, genre « ouh les radins, ils veulent ramener les restes ! »
Après tout, on l’a payé, il n’y pas de honte à avoir 🙂
(ça va à la poubelle de toute façon…Et ça fait un repas sympa pour le lendemain !)
Limite la seule chose qui me déplait, ce sont les récipients plastiques pour ramener le tout à la maison, pas très écolo…
Merci Daisy, c’est bien d’oser en effet. Qui ne tente rien n’a rien 😉 Dans ce type de circonstances, il vaut mieux en effet avoir un repas pour le lendemain que gaspiller ou trop manger. Et tnt pis pour la barquette, vous n’allez quand même pas vous balader avec votre »tupperware » !
Remarque (très pertinente il me semble, même si je ne l’aurait pas dit comme ça) faite par une de ses amies à une patiente obèse qui finissait les assiettes (la sienne et celles des autres) alors qu’elle n’avait plus faim « pour ne pas gâcher » :
« si tu ne le mange pas ça va où? »
« ben à la poubelle »
« donc si tu le manges c’est que tu te traite comme une poubelle ».
ça l’avait beaucoup fait réfléchir…
Bonjour Elie, merci, c’est une thématique que j’évoque parfois en effet avec mes patients qui mangent trop pour ce type de raison, quand je pense que ce type de message peut être utile.
Bonjour,
J’essaye moi aussi de perdre du poids. Et j’y arrive en écoutant mes sensations corporelles de faim et de satiété, de gourmandise aussi car j’ai remarqué que lorsqu’on a faim, les aliments paraissent encore meilleurs et que ce plaisir va en décroissant au fur et à mesure que je mange. Pour moi la première bouchée est toujours la meilleure.
Depuis que j’ai commencé à maigrir depuis maintenant un an, j’ai perdu 25 kilo et j’ai vraiment senti mon estomac se rétrécir. Les plats au restaurant me posent désormais un problème car ils sont souvent trop copieux mais, ici, à Paris, je n’ai pas encore osé demander de doggy bag. Un vrai blocage alors qu’en Belgique, c’est le serveur qui me l’avait proposé et ça m’avait vraiment fait plaisir!
@Amandine, merci, vous avez absolument raison, c’est le travail que je fais aussi avec mes patients : réapprendre à écouter ses sensations, savourer, être attentif au plaisir gustatif (et comprendre ce qui fait manger en excès). Bravo pour votre persévérance et finalement, un an, c’est assez vite passé et le résultat est au rendez-vous. Et en effet, d’autres commentaires ont montré que la Belgique était plus cool sur le sujet des doggy bags. En attendant que cela arrive en France, écoutez-vous et laissez ce qui en trop dans votre assiette, c’est mieux que de reprendre du poids, non ?
J’utilise un « doggy bag » au sens littéral du terme : ce que je laisse dans mon assiette est ensuite mangé par le chien (ou les chats errants). En revanche, je n’assume pas mon acte et je m’arrange pour faire le transfert quand le serveur a le dos tourné.
@ponette59, allez, assumez, c’est plutôt positif de ne pas aimer le gaspillage, non ?!
c clair
c clair
J’ai déjà demandé un doggy bag mais surtout pour des desserts souvent compris dans un menu et pour lequel je n’avais vraiment plus faim.
Il m’arrive de ne pas choisir des plats justement parce que je sais que je ne les finirai pas.Donc je suis aussi frustré du choix du plat par défaut.
@Cécile bonne idée de demander à emporter le dessert plutôt que se forcer à le manger sans faim, on l’apprécie d’autant mieux plus tard. Mais pourquoi ne pas choisir le plat dont vous avez envie : vous vous ferez vraiment plaisir même sans finir, davantage qu’avec un « second choix » !