Ripaille, tempérance et équilibre (ou le colloque OCHA « Alimentations particulières » parle religion)
Un des grands intérêts du colloque « Alimentations particulières » organisé par l’OCHA était de proposer le regard de toutes sortes d’intervenants a priori éloignés de l’alimentation. Ainsi, j’ai été très intéressée par l’intervention de l’historien (entre autres compétences) espagnol Josep M. Comelles. D’une part, il a rappelé deux visions opposées en remontant il y a quelques siècles :
– une vision catholique de la nouriture, où l’on alterne excès et restriction, ripaille et « manger maigre », où la confession du péché de gourmandise permet de pardonner la faute,
– une vision protestante, de rigueur et de sérieux, aux antipodes du plaisir et donc du côté de la raison alimentaire.
Des différences culturelles qui ont bien sûr une influence sur la façon dont nous, Français et autres « Latins », considérons le repas aujourd’hui, bien différemment des Anglo-Saxons. D’un côté (en simplifiant) le repas convivial et source de plaisirs, de l’autre l’alimentation fonctionnelle à visée nutritionnelle…
Il a aussi fait un parallèle qui m’a paru assez pertinent entre cette époque ancienne marquée par l’Eglise où l’on alternait la ripaille, les excès alimentaires, et la confession pour se faire absoudre, et l’époque actuelle. En effet, aujourd’hui, il ne s’agit plus d’aller se faire pardonner ses excès à l’église mais de les compenser autrement : la ripaille reste permise pour peu qu’on alterne avec un peu de Danacol (par exemple) et qu’on la résorbe ainsi ! C’est ce qu’il nous a montré via un spot publicitaire espagnol. C’est en fait un peu le rêve pour l’industrie agro-alimentaire : nous faire manger beaucoup et continuer à nous faire consommer des produits (tout autres) pour compenser ces excès !
Pour ma part, le chemin sur lequel j’accompagne les personnes n’est ni l’un ni l’autre, c’est plutôt la recherche d’un équilibre, associant le corps et la tête, intégrant grandement le plaisir tout en considérant qu’il n’est pas forcément le mieux servi dans l’excès, et l’inconfort qui en découle. Peut-être cela serait-il plus proche d’une approche d’inspiration bouddhiste, non ?
NB : je ne suis vraiment pas une spécialiste des religions, c’est une vision assez basique bien sûr !
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Moi, je suis très proche des aspirations bouddhistes et c’est exactement ça. On parle ainsi de voie du milieu, ni l’ascétisme ni l’excès. Simplement la modération qui permet d’obtenir un équilibre parfait entre l’esprit et le corps. 🙂
Je connais mal le bouddhisme, mais parfois j’ai l’impression que c’est un peu un prétexte pour tout avoir : à la fois manger, mais pas trop, par exemple…. Je ne suis pas sûre que la « voie du milieu » soit vraiment possible dans la vraie vie – celle dans laquelle il y a familles, enfants, maris, épouses, parents, amis, travail, voisins, voisines, bref, de nombreuses relations sociales. Mais, je le répète, je ne suis pas spécialiste.
En ce qui concerne les « pots », je fais toujours tout moi-même, dans la mesure du possible (cf. allergies et choix de vie : ne pas forcément engraisser les industries agro-alimentaires).
Bonne journée !
Je crois que c’est parce que tu connais justement mal le bouddhisme que tu peux dire ça. La voie du milieu, c’est exactement ce dont Ariane fait la promotion et ce n’est pas difficile, même avec la vie laïque que nous vivons. Et la vie bouddhique ne signifie pas d’être coupé des relations sociales. Le bouddhisme, c’est tout le contraire. Tout est orienté vers l’autre, vers notre relation à autrui. Et la voie du milieu, c’est la modération. Le bouddhisme, c’est la voie de la raison. Tout simplement. « Un prétexte pour tout avoir » ? Je ne comprends pas. C’est simplement un moyen de trouver un équilibre parfait dans sa vie. Celle du corps en ne se gavant pas comme une oie. Celle de l’esprit en respectant ses envies, son corps et en se faisant plaisir. Je ne crois pas que ce soit utopique. Mais dans notre monde actuel, on nous pousse aux excès. J’ai 23 ans et je peux très bien voir ma génération tomber complètement dedans: consommation, nourriture, alcool, drogue en tous genre…et c’est comme si un consensus implicite et général approuvait les excès et le mal-être ambiant. Personnellement, je ne suis pas d’accord. Et je crois que le bouddhisme est une bonne philosophie pour se tenir éloigné de ce genre d’excès. Et les relations sociales n’en sont pas altérés. Les gens nous aiment pour ce que nous sommes. Sinon, ils ne nous méritent pas.
🙂 Désolé pour cette tirade!!
cette vision Catho de la nourriture ça doit être très très ancien..ça m’a bien fait rire,
mais ça m’a aussi rappelé un menu de mariage des grand parents de mon mari(ou arrière faut que je recherche) et on s’était demandé comment ils faisaient pour engloutir cette litanie de plats, impressionnant ou peut être pour impressionner les invités, sans doute aussi l » norme de l’époque » pour un mariage..
@Julilie_atw tout à fait et merci beaucoup pour vos compléments, je suis absolument d’accord avec vous que cette voie n’a rien d’utopique dans le monde d’aujourd’hui et je crois que de plus en plus de gens y aspirent quand on voit le succès des produits bien-être, de la méditation, …
@Bonheur du jour comme je le dis plus haut, tout cela est loin de l’utopie, pourquoi les excès seraient-ils obligés ?
@isa merci pour ce témoignage de ripaille festive !
Je suis sincèrement désolée, je ne voulais choquer personne… Non, je ne pense pas que les excès soient obligés ; ce que je voulais dire c’est que ce n’est pas toujours facile de faire comme on veut… Et je ne voulais en aucun cas porter un jugement sur le bouddhisme, dont j’ai dit que je ne le connaissais pas bien…. Vraiment désolée.
@Bonheur du Jour ne soyez pas désolée, je n’ai pas été choquée pour ma part mais un peu étonnée car vos commentaires et votre blog semblent montrer une certaine sérénité qui n’est pas sans rappeler les philosophies orientales…
Je peux aussi paraître un peu abrupte de temps à autre. Je voulais juste dire que l’équilibre et le bonheur est accessible et que l’excès n’est pas obligatoire. Et surtout que ce n’est pas en contradiction avec la vie sociale. A mon jeune âge :), je comprends parfaitement combien il est difficile de dire non ou de contrer une certaine pression sociale. Dernier exemple en date, je ne suis pas une très grande buveuse. J’aime le vin de temps en temps mais c’est tout. Une de mes meilleures amies a osé me dire que j’étais « chiante et vieille dans ma tête » parce que je ne souhaitais pas boire ( jusqu’à mort s’en suive) jusqu’à l’ivresse. Et finalement, je me suis sentie coupable. Coupable de ne pas être dans l’excès comme elle. Mais comment réagir dans ces cas là? Lui prouver le contraire et entrer dans son jeu, en finissant la tête dans un seau à la fin de la soirée? Ou la décevoir, rester sobre et apprécier la soirée jusqu’au bout?
En fait, ce que je voulais souligner, c’est qu’il est possible d’atteindre cet équilibre et la voie du milieu que prône le bouddhisme même si la pression sociale est forte. Dans les pensées de beaucoup, manger modérément ou refuser un dessert, c’est être régime. Ou ne pas être gourmande, ce qui revient pour eux à ne pas savoir profiter de la vie. Franchement, le plus important, c’est d’être en accord avec soi-même. Et pas besoin d’être bouddhiste pour ça (je ne lui suis pas d’ailleurs). Il suffit juste d’avoir envie de bien-être et de bonheur.
@Julilie_atw tout à fait d’accord avec votre conclusion. Votre style direct ne pose pas de problème tant qu’il est respectueux des autres et de leurs convictions. Vous avez raison de vous affirmer en toute circonstance, pas pour « faire attention » mais parce que vous écoutez vos envies, votre appétit… j’apprends à certaines patientes à le faire : ne pas dire en ronchonnant « j’ai plus faim » mais savoir trouver les phrases tranquilles et diplomates adéquates lors de méga-repas ou autres occasions d’excès dont elles n’ont pas envie. Quand elles le font, elles se rendent compte que c’est en général bien compris. Etre en accord avec soi-même et avec les autres…