Stop au tout beau tout bio !
Souvent, on me demande ce que je pense de l’alimentation bio. Je suis tentée de retourner une question à mes interlocuteurs : pourquoi voulez-vous manger bio ? En fait, cela ne parait pas toujours très clair dans leur tête. Il y a sans aucun doute un effet de mode chez les consommateurs et aussi une démarche marketing de certains intervenants de l’agro-alimentaire face à un filon qu’ils pressentent rentable. Si on creuse un peu, on pourrait manger bio pour plusieurs raisons :
– Manger bio, c’est écolo !
On répondrait à des préoccupations d’ordre écologique. C’est sûrement mieux pour la planète. On est en train de la maltraiter à coup de produits chimiques. Sans doute. Mais je vois beaucoup d’incohérences dans cette approche : pourquoi tellement de produits bio contenant de l’huile de palme qui contribue à la déforestation ? Pourquoi tellement de produits bio venant de l’autre bout du monde, de Chine ou de Nouvelle-Zélande et donc à forte empreinte carbone ? Ne vaudrait-il pas mieux consommer des produits cultivés localement, bio ou non ? Même Laurence Salomon, restauratrice apôtre d’une alimentation saine, déclare faire confiance à des petits producteurs locaux, même s’ils ne sont pas estampillés bio. Beaucoup de producteurs pratiquent une agriculture raisonnée, ne peut-on s’y intéresser ?
– Manger bio, c’est meilleur !
Manger bio, ce serait meilleur au goût. Ah, la saveur incomparable des légumes bio, nous dit-on. C’est ce dont on est convaincus. Or, les études basées sur des dégustations faites en aveugle ne montrent pas de plus-value gustative notable du côté des aliments bio. Bien sûr manger un produit naturel, des légumes de saison d’un petit producteur, cueillis à maturité, de la cuisine maison, tout cela peut être meilleur que les équivalents industriels, les légumes conservés longtemps au froid dans des circuits de grande distribution ou produits à contre-saison. Mais cela n’a rien à voir avec le fait d’être étiqueté bio. Du naturel, du brut, de l’aliment de saison, oui mais pas obligatoirement du bio. Ne confondons pas bio et naturel.
– Manger bio, c’est diététique !
Ce n’est pas l’argument le plus courant mais il y a parfois des confusions. Bien sûr, cela n’a aucun rapport ! Les produits bio ne sont pas plus légers que les autres. Quick vient par exemple de lancer un hamburger bio et comme l’écrivait justement une journaliste de Libération, « des calories et du gras bio, c’est toujours des calories et du gras ! ».
De même, les biscuits bio par exemple sont aussi caloriques que les autres. Il n’y a aucune raison de privilégier les produits bio pour des raisons de légèreté (mais pas non plus les produits allégés). Restons-en donc aux produits « normaux » !
– Manger bio, c’est bon pour la santé !
C’est sans doute un argument valable. Même si des preuves irréfutables n’ont pas encore été apportées, il est fort probable que l’absorption de certains pesticides présents notamment dans les fruits et légumes ne soit pas très bonne pour notre santé. Mais cela n’est pas vrai pour tous. Et on peut déjà laver, éplucher ceux qu’on achète. Attachons-nous déjà à avoir une alimentation variée, à ne pas acheter trop de produits industriels transformés à la composition complexe. Et si l’on trouve les aliments bio trop chers, que cela ne soit pas un prétexte pour ne pas manger de fruits et légumes. L’intérêt de ces derniers dans une alimentation variée existait bien avant que l’on parle de bio !
Au final, ce qui m’agace, c’est la folie bio qui envahit tous les domaines, sans beaucoup d’esprit critique. Pourquoi ne pas surtout acheter des aliments locaux, non transformés, naturels, de saison, et les cuisiner ?
Quant aux cosmétiques bio (ce n’est pas du tout mon domaine), la dermatologue avec laquelle je partageais un atelier Beauty Loft il y a quelques jours était plutôt catégorique pour dire que cela n’avait aucun intérêt et ses arguments avaient l’air assez convaincants.
Bonjour,
Personnellement je ne suis pas une ayatollah du bio mais je j’appartiens à une AMAP (association pour la maintien d’une agriculture paysanne), c’est à dire que nous avons des paniers bio du maraicher au consommateurs avec obligation pour le maraicher de se situer à moins de 100 km du lieu de distrib car je suis parfaitement d’accord avec vous, du bio à l’autre bout du monde est une hérésie !
Personnellement, je mange des légumes bio pour éviter d’ingurgiter trop de pesticides et donc aussi pour éviter que notre terre ne devienne qu’un grand lac de produits chimiques. Cela dit, méfiance, le producteur bio a des voisins non bio et la terre est perméable !! 🙁
Moi ce qui m’énerve dans le bio ce sont les livres de cuisine bio ! Comme si ce qui était bio se cuisinait différemment. C’est vraiment prendre les consommateurs pour des andouilles (oui mais bio ;-)!
Moi aussi je suis en AMAP et je suis d’accord avec Cécile pour les livres !!!
Par contre moi d’accord avec la dermato car les parabens et autres produits dérivées du pétrole sur la peau ça me hérisse. Globalement j’ai beaucoup moins de boutons depuis que j’utilise des produits sains sur ma peau.
Bravo à vous Cécile et levain83 d’avoir de bons légumes de proximité à cuisiner et de ne pas être cependant des « ayatollahs ». Et en effet, on peut cuisiner des légumes bio comme les autres ! Mais la spécificité de certains livres de cuisine bio est sans doute aussi de mettre en avant des ingrédients habituels des magasins bio (laits végétaux, purée d’amande, quinoa, …). Concernant les produits de beauté, la dermato ne voyait aucune raison d’avoir recours au bio mais en revanche, elle n’a pas abordé la question des parabens, qui à ma connaissance tendent à disparaitre aussi des produits « normaux ».
super votre article, faire prendre conscience aux gens que fraicheur et proximité sont aussi important, alimentation variée et organisation pour préparer ses repas; je suis productrice, je vends de la viande(boeuf et agneau) dans un point de vente collectif, nous ne sommes pas en bio, mais faisons un maximum pour avoir de bonnes pratiques, mon mari est un « amoureux » de la terre », et si nos clients veulent venir voir sur la ferme, ils sont toujours les bienvenus!!!
encore : ce qui m’agace en ce moment : faire absolument manger bio dans les cantines…pensosn d’abord à varier l’alimentation, arrêtons d’utiliser panure et autres artifices pour donner un peu de gout!!!
Merci beaucoup de votre retour Isa, cela me fait vraiment plaisir. Bravo pour vos efforts autour d’une bonne alimentation et bravo pour votre blog qui nous plonge de façon originale au coeur de votre activité fermière.
Promouvoir le bio, c’est avant tout faire changer les mentalités et arrêter l’industrialisation des produits que l’on mange. Mais de nombreux artisans font de merveilleux produits dans le respect de la nature sans être estampillé bio. Par contre, inutile d’insister sur l’agriculture dite raisonnée qui ne subit aucune réglementation.
Heureusement qu’on peut se nourrir correctement en mangeant non bio vu les prix un peu dissuasifs. Et clairement, acheter des pommes d’Amérique du Sud en bio est complètement stupide.
Il me semble qu’aujourd’hui promouvoir le bio et/ou le bien manger, c’est avant tout se poser des questions sur le prix qu’on est prêt à payer pour se nourrir correctement.
En ce qui me concerne, j’ai fait des choix depuis longtemps et mon budget nourriture est fort important. Je me rends compte que la plupart des gens que je côtoie sont prêts à faire des économies sur la nourriture pour promouvoir l’électronique par exemple ou la téléphonie, donc l’industrialisation de notre nourriture n’est pas finie.
Quelques réflexions « en vrac » sur le bio (je précise que je n’ai pas d’opinion marquée sur le bio, j’essaie d’être aussi objective que possible sur les questions agricoles et alimentaires.)
– Le bio a l’avantage d’utiliser moins d’intrants que le conventionnel. Donc moins de dépenses aux produits chimiques notamment ceux issus du pétrole, et dans le contexte actuel de raréfaction des ressources fossiles, on peut comprendre la pertinence de cet aspect.
– En moyenne les rendements en bio (végétal et animal confondus, donc très grossièrement) sont de 30% inférieurs à ceux du conventionnel. Avec l’augmentation de la population mondiale (9 milliards en 2050) on peut se demander si le bio peut nourrir la planète. La nourriture « industrialisée » (qui ne l’est pas tant que ça chez nous puisqu’en France l’agriculture est essentiellement familiale et il existe beaucoup de PME dans l’agroalimentaire) nourrit beaucoup de gens, et finalement pas très cher (le budget consacré à l’alimentation ne cesse de baisser depuis la fin de la guerre, aujourd’hui il est de 15% seulement pour les ménages français). Cela permet de s’offrir d’autres choses et pas uniquement de l’électronique : des loisirs, ou encore supporter la part du logement qui augmente dans les budgets.
– Il n’y a aucune différence de goût entre les produits bio et les produits conventionnels : ce n’est pas dans le cahier des charges du label AB (contrairement au Label rouge qui doit justifier de différences organoleptiques.) Le bio a donc une obligation de moyens et pas de résultats. Les différences nutritionnelles ne sont pas non plus significatives SAUF les résidus de pesticides. A noter également que les doses de résidus des produits conventionnels sont largement inférieures aux doses préjudiciables à notre santé et qu’il faudrait manger des kilos et des kilos de fruits non lavés tous les jours pour avoir un effet toxique sur notre organisme. Les produits conventionnels ne sont pas dangereux pour notre santé, quoiqu’en disent de nombreux livres et publications.
– Les agriculteurs Bio, s’ils se débrouillent bien (car ce n’est pas évident de se passer des phytosanitaires et des engrais chimiques) peuvent dégager une marge supérieure aux agriculteurs en conventionnel : des prix à la vente plus élevés, et utilisation de moins d’intrants. Ca fait vivre des agriculteurs : c’est super.
– Le bio répond à une demande, venant de gens soucieux de leur alimentation et prêts à payer plus cher. Le reste de la demande (et les plus gros volumes) sont assurés par le conventionnel.
– Les magasins Bio proposent des produits qu’on ne trouve pas ailleurs. Personnellement j’aime y trouver du lait de soja moins cher qu’en supermarché, délicieuse alternative au lait de vache (pour varier les laits), des teintures pour les cheveux aux plantes (au henné, c’est tellement joli), etc.
Conclusion : ni pour ni contre, le Bio est là, pour ceux qui veulent, et c’est tant mieux.
Mais tout ce qui n’est pas Bio n’est pas mauvais, loin de là !
@ bouton d’or, merci pour ce commentaire. En effet, les personnes ont des hiérarchies dans leurs choix de dépenses très variables et il est un peu dommage que, souvent, l’alimentation soit reléguée assez loin alors que c’est un élément clé de notre bien-être.
@ Estel, merci beaucoup pour cet apport à la réflexion et 100% d’accord avec la conclusion !
j aime beaucoup les commentaires sur le bio je prends mes fruits et legumes sur le marche de st germain en laye a un petit producteur et ils sont tres bon; par contre je vais de temps en temps chez naturalia ou biocoop pour quelques produits specifiques comme chocolinette ou les chaussons kamut aux legumes et ily a a leader price de tres bons produits bio ; juste une chose: bio ou pas: j veux pas etre prise pour une andouille!!!!amicalement maryvonne
Bonjour Maryvonne, vous avez raison, le mieux est de varier et de faire confiance à son goût sans devenir ayatollah d’un côté ou de l’autre. A bientôt.
Je viens seulement de découvrir le blog et il est plein de bonnes idées, félicitations!
J’avais envie de réagir sur le bio aussi : certes les attitudes extrémistes sont idiotes dans ce domaine comme en tout autre, mais de mon côté je privilégie autant que possible les produits bio quand j’ai le choix.
Ce n’est pas tellement par écologie (encore que, moins de pesticides c’est toujours ça de pris). Sur ce point, le plus intelligent c’est de manger bio et local comme vous le faites fort justement remarquer (et beaucoup de petits maraîchers locaux cultivent leur terre de manière raisonnable, même sans avoir le fameux label).
En revanche, je pense que c’est meilleur à la fois pour ma santé et celle des producteurs, qui sont ceux les plus directement exposés aux pesticides. Je fais aussi attention sur la viande et le poisson, d’autant que j’en mange peu. Il me semble (à vérifier) que la viande bio est moins traitée par antibiotiques, ce qui n’est pas négligeable.
Sur le goût, pas de différence flagrante au niveau global, c’est vrai, mais le meilleur c’est quand même les produits du jardin. Plus c’est frais et cueilli proche de la maturité, plus on se régale ! 🙂
Sur les cosmétiques, je n’utilise que du bio pour tous les produits hydratants (visage et corps), pour une raison simple, je suis allergique à certains composants qu’on retrouve dans quasiment toutes les crèmes de jour. La plupart des crèmes classiques me brûlent. J’en ai trouvé des bios qui conviennent à ma peau (il y a d’excellentes marques) et depuis j’ai moins de boutons et un teint bien plus joli.
Merci beaucoup pour votre commentaire Aurélie, c’est très gentil. Tout à fait d’accord avec vous, mangeons local, de saison, de tout, éventuellement bio sans être obsédés par cela. Et l’important est aussi de se connaitre, de s’écouter, d’écouter son corps, comme vous le faites pour les crèmes.
« Les différences nutritionnelles ne sont pas non plus significatives »
il existe une différence, en général les produits bio sont plus riches en vitamines et sels minéraux et plus pauvres en pestices et autres contaminants
remarque importante : certaines molécules comme le RESVERATROL (polyphénol que l’on retrouve dans le vin, à la fois puissant et fragile) sont pratiquement inexistantes dans les produits non bio.
donc ne pas être obsédé c’est bien mais être informé c’est encore mieux !
Personnellement, je suis une adepte du bio mais je fais toujours attention d’acheter des produits:
– de saison
– de France
Un produit bio venant du Venezuela…c’est n’importe quoi! Autant acheté quelque chose produit dans son pays, qui n’aura pas été transporté par avion et qui n’aura pas attendu gentillement dans un frigo. Le bio, c’est bien quand tu vas dans les petites épiceries, chez le producteur ou quand tu cultives tes légumes toi-même. Sinon, dans les grands supermarchés, ça n’a aucun sens. C’est du marketing. Le profit avant tout.
Par contre, je pense vraiment que c’est meilleur pour la santé!
@Julilie_atw, tout à fait d’accord pour privilégier avec bon sens le local et de saison, et surtout pas le bio du bout du monde !