Vive les pesticides !?
J’ai regardé mardi soir le documentaire de Marie-Monique Robin, « Notre poison quotidien » (voir mon autre billet à ce sujet). Cela a représenté un certain effort après une journée de travail car c’était assez austère. Je suppose que beaucoup ont dû lâcher en cours de route et je les comprends.
C’était toutefois une belle démonstration de la collusion entre l’industrie chimique et les instances décisionnaires, dans les pays développés, en matière de mise sur le marché de produits contribuant de près ou de loin à l’alimentation. Derrière tout cela, comme toujours, il y a bien sûr le pouvoir de l’argent, l’appât du gain… Le problème, c’est que cela n’est pas inoffensif. Le film montrait clairement les dangers de certains composants (le bisphenol A, l’aspartame, les pesticides…). Cela incitera sûrement certains à modifier leur comportement (arrêt des boissons à l’aspartame ou de bouteilles plastisque, achat de fruits et légumes tout bio, …).
A la poubelle, mes chewingums à l’aspartame (et au sorbitol, xylitol, isomalt, …) ?!
Je regardais tout cela un peu désespérée. Et puis, je vais peut-être vous choquer, tout à coup, une petite voix en moi s’est demandé si finalement une certaine dose de pesticides et autres additifs n’était pas un des traits de l’époque, comme le téléphone portable, les embouteillages, le nucléaire (!), la mondialisation, … Et qu’il fallait en partie l’accepter. Je m’interroge…
Ces produits qui impactent notre alimentation ont clairement des méfaits pour la santé. Mais en même temps, les autres époques en avaient aussi, d’autres maladies, une alimentation moins sûre, moins variée, tout cela conduisant à une espérance de vie moins élevée. Alors notre époque est-elle pire ?
Comme je le dis souvent, je suis pour une alimentation saine, naturelle, peu transformée. Je ne baisse pas les bras, je suis persuadée qu’il faut donner une éducation alimentaire, faire évoluer les pratiques de la chaine de l’agro-alimentaire, améliorer la réglementation. Mais il serait illusoire de penser qu’on peut revenir un siècle en arrière. Et cela serait-il vraiment souhaitable ? Qu’en pensez-vous ?
En quoi le fait de vouloir vivre plus sainement doit nous faire revenir un siècle en arrière ?
Les anti-écologistes nous expliquent qu’une agriculture bio ne peut nourrir le monde, pourquoi pas sauf que certains agronomes et non des moindres sont persuadés du contraire. Je préfère écouter Pierre Rabhi que l’expert plus ou moins payé par Monsanto.
Un autre témoignage sur ce blog nous explique que c’est normal d’avoir plus de cancers car la population vieillit… sauf que beaucoup d’entre nous meurent d’un cancer et pour certains bien trop jeunes pour mourir.
Alors on continue à engraisser Monsanto et leurs amis et on se dit qu’en final tout va bien, parce qu’on vit plus vieux ? On commence à reconnaître aux agriculteurs des maladies professionnelles et on continue à arroser nos champs de produits chimiques ? On continue à traiter les animaux comme nous le faisons dans nos élevages de porcs industriels ? On continue donc à acheter nos lardons industriels sans se poser de question sur la façon dont ces porcs sont élevés ? On continue à donner à nos enfants des produits sur lesquels certains experts s’interrogent ?
Si nous savons que certains produits sont toxiques pour l’homme, nous devons les supprimer et trouver d’autres solutions, et si certaines de ces solutions datent du siècle dernier pourquoi pas, utiliser un biberon en verre plutôt qu’en plastique ne me paraît pas un truc trop compliqué à faire.
Se priver d’aspartame en supprimant le soda ben en ce qui me concerne, c’est tout simple. Retrouver le goût d’un délicieux sirop au fruit allongé d’eau, c’est un juste retour au goût et à une certaine sobriété qui donne une autre qualité de vie.
Même ressenti sur l’austérité désespérante de ce docu… Et un sentiment d’impuissance aussi. Que sont mes quelques achats « safe » face aux logiques économiques mondiales ?…
Même ressenti sur l’austérité désespérante de ce docu… Et un sentiment d’impuissance aussi. Que sont mes quelques achats « safe » face aux logiques économiques mondiales ?…
Je suis sur la même ligne de pensée que bouton d’or. Tout d’abord une grande colère en regardant ce documentaire que pour ma part j’ai trouvé passionnant et pas austère du tout. Après tout, il s’agit de ma santé et si je ne m’y intéresse pas moi-même, que je ne change pas mes comportements, si je décide pas de ne plus consommer certains produits, qui va le faire ?
Je ne suis pas désespérée, ça ne sert pas à grand-chose. Je change à mon niveau et si tout le monde a la même attitude, toutes ces industries ne vendront plus leurs produits et ils seront touchés là où ça fait mal « LEURS REVENUS FINANCIERS ».
Je n’ai pas vu le documentaire mais je suis 100% d’accord. Je crois que nos organismes s’adaptent à notre environnement, je sens que je vais me faire lapider là, et même à certains poisons, à des doses raisonnables bien sûr.
Nous sommes confrontés chaque jour, parfois malgré nous, parfois en toute connaissance de cause, à des centaines de molécules dangereuses pour nous, pas seulement à cause de notre alimentation… Comment se protéger de tout ?
Mission impossible, je le crains… Je vais peut-être sembler défaitiste, mais je préfère dire que je suis fataliste !
en préparant ses repas; en évitant d’acheter les plats tout près ou trop de conserves(ça dépanne bien quand même)…je pense que l’on peut déjà éviter des toxiques…en tant qu’agriculteurs, nous sommes dans un démarche de réduction des intrants(desherbant, pesticides…), nous respectons un plan d’épandage ça demande une volonté de la part du paysan, une grande connaissance de son sol, beaucoup d’observation, accepter parfois de voir ses rendements diminuer et surtout une grande passion…
Je n’ai pas vu le documentaire (mais quelques extraits) tout simplement parce que je connais déjà très bien le sujet et que j’avais déjà largement ma dose d’horreurs en ce moment (le drame humain mais aussi écologique qui se déroule sous nos yeux impuissants au Japon)
J’ai le profil type pour hurler aux loups avec MM Robin (je mange à peu près 75%bio et végétarien, suis inscrite dans une démarche de simplicité volontaire, adhérente d’une AMAP etc etc…) et pourtant je dis STOP !
Marre de ces titres effroyables, de ces documentaires excessifs (qui commencent à utiliser des arguments aussi pitoyables et aussi infondés que les lobbies industriels qu’ils dénoncent) qui commencent à générer des comportements orthorexiques plus qu’inquiétants. L’industriel est le diable, le gluten et le lait n’en parlons pas… Informer c’est essentiel mais ne ne se rendent-ils pas compte qu’au final, écoeurés jusqu’à la lie par cette dramatisation à l’excès les gens finissent soient par se dire que de toute façon il n’y a rien à faire (donc ne changerons rien !) ou alors par éplucher les étiquettes dans un état de stress permanent ?
Pour de nombreux aliments, on peut facilement devenir cinglé à chercher à faire pour le mieux en conjuguant santé, écologie et éthique.
L’eau : l’eau du robinet est plus écologique mais blindées de médicaments, pesticides, nitrates mais l’eau en bouteille n’est pas écologique et probablement pleine de perturbateurs endocrieniens
Le poisson : faudrait manger du poisson gras mais ils concentrent le mercure. Alors du poisson d’élevage ? mais c’est nul au niveau environnemental
Manger bio à tout prix mais le bilan écologique n’est pas toujours formidable vues les faibles productions françaises. Et quid de cette passion pour de nombreux produits exotiques (quinoa par ex) qui peut conduire à des cultures extensives peu favorables aux populations locales ?
Manger « équitable » : et nos agriculteurs/paysans qui vivent pour beaucoup dans la misère, ils n’ont pas le droit à un peu d’équitable ?
Bref, on vit évidemment dans un monde regorgeant de poisons en tout genre amenés par le besoin de progrès et de confort à tout prix et l’espérance de vie va très certainement baisser (e’est déjà le cas aux USA) mais ce n’est pas une raison pour s’en rendre malade à l’avance.
Je ne suis pour autant pas d’accord avec toi Ariane : ce n’est pas un mal nécessaire. On peut et doit faire quelque chose pour faire évoluer la situation et cela principalement en se posant les bonnes questions qu’on a souvent tendance à oublier :
– l’aspartame serait dangereux soit ! mais la question c’est surtout pourquoi a-t-on besoin d’aspartame ? Pour faire maigrir les gens : on a prouvé que c’était inefficace ? Parce que c’est non cariogène ? Si on a une consommation raisonnable de produits sucrés et une hygiène bucco-dentaire correcte il n’y a pas de problème. Le sucre n’est pas le mal absolu, il serait temps de le réhabiliter
-les pesticides, les additifs, les conservateurs indispensables pour nourrir le monde mais on est en surproduction permanente !! le problème c’est le gaspillage permanent. On achète à tour de bras des produits inutiles qui finissent dans notre poubelle. On les blinde de conservateurs pour qu’ils puissent faire le tour de monde sans encombre et d’additifs car les matières premières sont tellement mauvaises qu’il faut bien donner du goût.
-la viande : haro sur les antibiotiques et autres facteurs de croissance pour faire survivre les poulets en batterie (mais comment pourraient ils survivre autrement ??) pour que tout le monde puisse manger de la viande à bas prix ? Mais combien de tonnes de poulets balancés à la poubelle chaque jour ? Ne suffit il pas d’en manger moins mais de meilleure qualité tout en rémunérant les producteurs à un prix décent ?
-les biberons en plastiques : on a inventé un truc formidable qui s’appelle l’allaitement maternel et si on soutenait correctement les femmes dans cette démarche (notamment avec un congé maternité rallongé : avec une reprise lorsque la diversification est bien amorcée on peut se passer de bib la journée) l’usage serait nettement plus limité (et je rappelle que c’est la dose qui fait le poison) Et comme le disait qqn plus haut, il reste les bib en verre
etc, etc, etc….
Au milieu de ce déluge désespérant et culpabilisant, on en oublie le principal : l’alimentation doit être un plaisir ! Donnons nous les moyens pour qu’il en reste un. Mon homme me disait ce we, moi si je gagnais au lot, je ne me dirai pas « chouette ! faisons le tour du monde !) mais « chouette, je vais pouvoir manger sans compter de la bouffe de super qualité ! » On se plaint de ne pas pouvoir manger correctement, que c’est trop cher mais le budget consacré à la nourriture ne cesse de se casser la gueule pendant que celui des loisirs et des gadgets électroniques explose… Attention, je ne généralise pas, nombreux sont ceux qui n’ont malheureusement pas les moyens ni pour l’un, ni pour l’autre
Bref, pour moi, la solution c’est consommer moins mais mieux et donc en pratique :
– manger moins de viande (achetée directement au producteur autant que possible)
– amap bio
– un maximum de produits bruts et de saison
– privilégier les commerces locaux (on oublie souvent le prix des déplacements quand on fait des dizaines de kilomètres pour aller profiter de la « bonne affaires »
– ne pas faire des stocks énormes en cas de « promotions » car une bonne partie finit souvent à la poubelle faute d’être consommée dans les temps et les promo sont cycliques : elles reviennent tjs un jour ou l’autre !
– fractionner les achats « frais »pour limiter le gaspillage (le frigo n’a pas besoin de déborder pour faire à manger)
Mais pour autant, je ne culpabilise pas ou ne me me demande pas si j’accrois sensiblement mon risque de cancer quand de temps en temps mon chemin croise un produit industrialisé merdique (même que des fois ça fait mon repas ;)) ou que mon fils dévore des gâteaux blindés de colorants et additifs en tout genre.
La dose fait le poison, alors essayons de faire un peu mieux mais n’oublions surtout pas de nous faire plaisir 🙂
NB : désolée j’ai fait très long et du coup pas le temps de me relire, j’espère qu’il n’y a pas trop de fautes 😉
Le but de ce billet était de susciter la discussion, donc merci beaucoup à toutes pour vos commentaires riches.
@ bouton d’or, merci pour ce plaidoyer plein d’énergie et de bon sens.
@ dom et @ cath, ne soyez pas défaitistes je ne crois pas que nous soyons totalement impuissants, nous pouvons déjà agir par nos choix, chacun individuellement, et sans trop se prendre la tête, aller vers une alimentation variée.
@ je suis d’accord avec vous Christine (cf ma réponse à dom) mais pas sûre que cela suffise. Le monde de l’argent est solide et prêt à tout !
@ benedicte, peut-être que nos organismes s’habituent mais sans doute sur des milliers d’années, toutefois c’est sans doute supportable à petite dose. Le problème, c’est que les produits que l’on appelle les perturbateurs endocriniens semblent agir quelle que soit la dose.
@ isa, d’accord avec vous et bravo pour votre action raisonnable en tant qu’agricultrice
@ Io, merci beaucoup, je souscris globalement à ce que vous écrivez et je fais des ateliers pour aider à déstresser devant leur assiette en n’accordant pas trop d’importance aux multiples messages anxiogènes qu’on nous envoie.